En tant qu’avocat de la partie civile lors d’un procès aux assises, j’ai été rappelé à l’importance solennelle de notre engagement envers nos clients et la justice.
Les assises représentent un moment particulier, presque suspendu dans le temps, où la justice prend le temps de peser chaque mot, chaque preuve, avec une attention minutieuse. C’est un instant rare où le temps judiciaire s’accorde avec la quête de vérité.
Dans cette arène où l’oralité est notre principal instrument, l’avocat pénaliste endosse la responsabilité de bousculer le tempo de la conversation. Pendant un moment, l’accusé est maintenu dans une ambiance tamisée, par la présidente de la cour d’assises, une sorte de confort psychologique.
Le principe est compréhensible, il ne faut pas le braquer. Il doit raconter sa vérité.
C’est là que la contradiction fait son entrée, non pas en douceur, mais tel un ouragan de logique et de questionnements stratégiques.
L’objectif ? Briser le consensus, qui se tisse dans l’esprit des jurés et de l’auditoire. Ce n’est pas une attaque frontale contre l’accusé, mais une invitation, parfois brutale, à quitter la zone de confort des pensées préconçues pour plonger dans les abîmes plus troubles de la vérité.
L’arme choisie? La mise en lumière des incohérences, non pas factuelles, mais de pensées. Il s’agit de pousser l’accusé, mais aussi chaque personne présente, à se confronter à la complexité de la psyché humaine. On cherche des réponses aux réponses, une quête incessante de réalité crue dans un labyrinthe de dénis et de justifications.
Le grand final de cette stratégie n’est pas seulement de révéler que les actes étaient prémédités plutôt que produits d’un élan de rage ou de manipulation. C’est d’amener l’accusé à admettre, devant tous, la pleine mesure de ses intentions. Une telle révélation force à questionner le réflexe humain de pardonner, de tourner la page, car elle expose la complexité du mal en plein jour et remet la victime au centre du débat.
En somme, l’avocat pénaliste ne cherche pas à agrémenter le dossier d’une touche de drama supplémentaire, mais à assurer que la justice ne soit pas une affaire de perceptions mais de vérités.
Et si, dans ce processus, nous nous retrouvons face à nos propres contradictions, peut-être est-ce là, le véritable art de la justice: non pas de juger en hâte, mais de comprendre en profondeur.
Rappelez-vous, la prochaine fois que vous assisterez à un procès ou que vous en entendrez parler, que derrière chaque stratégie de défense ou d’accusation, il y a une quête acharnée pour la vérité. Et parfois, cette quête nécessite de briser le consensus, de pousser les limites de ce que nous pensons savoir. Parce qu’au final, n’est-ce pas là l’essence même de la justice ?